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Memento Mori
But the Clouds
Ein See ist immer ganz in der Naehe
L'Agrandisseur
Biennale Photo de Mulhouse

APPROCHES DU LIEU // LACS, JARDINS

Exposition du 26 juin au 4 septembre 2021 
Galerie d’exposition de la Bibliothèque Grand’Rue, Mulhouse

Approches du lieu // lacs, jardins
 Texte de présentation de Michaël Guggenbuhl, Conservateur :
FR : « Approches du lieu met en présence et en dialogue deux séries photographiques encore en partie inédites d’Anne Immelé, et pourtant emblématiques de son travail : les lacs, en particulier les lacs du massif des Vosges (au premier rang desquels le lac blanc et le lac noir) et les jardins, en l’occurrence les jardins du Riesthal (à la limite de Mulhouse et de Bruebach).
Chacune porte une « charge » visuelle, sensorielle, émotionnelle et poétique qui lui est propre, autour de l’élément liquide pour la série des lacs, de l’élément végétal pour celle des jardins.
Chacune traduit un certain rapport au temps (qui est le sujet même de la photographie, présence sur fond d’absence, apparition sur fond de disparition…) : l’abolition du temps dans la surface immobile et vide du lac, la germination ininterrompue du jardin, entre maîtrise et concession laissée à la végétation spontanée.
Mais toutes deux convoquent un imaginaire, quelque chose d’originaire dans notre rapport au monde, qui tient à la fois à l’enfance et au mystère éprouvé face à la dimension enveloppante, totale de certains lieux où semblent se cristalliser toutes les strates les plus profondes de notre vécu. Ces lieux qui par eux-mêmes dessinent un monde, profondément poétique, à la fois hors d’atteinte et étrangement familier, jusque dans leur dimension dépeuplée, voire sauvage.

Pour rendre cette dimension, les photographies d’Anne Immelé présentent un aspect « tremblé », poudré ou légèrement vaporeux, comme par refus de délimiter, de fixer et de figer le motif dans ses contours. A l’inverse, le motif – lac ou jardin – imprègne, baigne voire déborde l’image, rappelant que dès l’origine l’image photographique a à voir avec l’élément liquide. Chaque photographie, en particulier dans la série des lacs, semble nimbée d’un halo d’indécision qui rend sa présence d’autant plus prégnante, qui imprègne d’autant plus le regard. Lacs comme jardins présentent « cet effet de lointain qui semble inclure la résonance d’un écho perdu » pour reprendre la belle formule de Jean-Christophe Bailly dans L’instant et son ombre.
Perdu, et pourtant proche. S’offrant, donc, à une approche : ressouvenir, recomposition, exploration, reconnaissance, contemplation, rêverie. Les « lieux » d’Anne Immelé nous offrent, paradoxalement, l’écho lointain ou le reflet tremblé de quelque chose d’intime, qui tient à notre présence au monde comme telle, quelque chose qui ne nous est pas extérieur mais qui nous constitue en profondeur.
Les personnages qui « habitent » certaines des photographies présentées sont endormis ou semblent plongés dans une rêverie qui, justement, les relie au lieu qui les environne, les immerge, les situent en un sens infiniment plus dense que le fait de se trouver ici ou là.
Dans mes photographies, l’eau ne représente pas l’idée du passage, du flux. Ici le lac est un arrêt du temps. Ce n’est pas une image de la mobilité, du flux. C’est une image d’interruption de ces mouvements continuels (incessants) qui constituent notre environnement contemporain. Cette interruption est une suspension du temps, qui invite à la contemplation. »
Chaque image (de lac, de jardin) charrie d’autres images, suscite d’autres paysages intérieurs dont nous sommes cette fois l’écran… La série est nécessairement ouverte, indéfinie. Le motif initial de cette exposition est de recueillir et d’offrir au regard un certain nombre de photographies éparses, s’égrenant sur une période relativement étalée. Plus qu’une série, ces photographies composent une sorte d’archipel, du reste toujours mouvant. L’exposition présentée en propose une approche, nécessairement fragmentaire, en adéquation avec son objet et propice à susciter « la contemplation comme acte de création, telle que Gaston Bachelard l’a définie. Le spectateur projette et entrevoit une nouvelle image à partir du visible qu’il contemple. Le visible est pensé à travers les yeux de celui qui regarde. La contemplation est un élan vers, une rencontre. »
Pour aller au bout de cette démarche de recueil, chacun des deux ensembles – lacs, jardins – donne lieu également à la conception d’un livre d’artiste inédit, réalisé spécialement pour l’exposition avec le concours de l’atelier de reliure de la bibliothèque. Livres qui font partie intégrante de l’exposition, en offrant une approche plus intimiste encore du travail photographique d’Anne Immelé. 

Cette exposition bénéficie de prêts du Musée alsacien de Strasbourg, qui a acquis en 2020 une série de 6 photographies de lacs d’Anne Immelé.

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